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La technique
Utilisez-vous la documentation photographique ou dessinez-vous aussi sur le vif ?
Dessiner sur le vif, pour moi cela veut dire aussi se balader dans les rues ou se mettre dans le tram, même dans ces activités banales on peut trouver des images. Chacun a sa propre façon de marcher, si l'on regarde quelqu'un de dos pendant qu'il se déplace et que l'on ferme les yeux quelques secondes on a une sorte d'instantané, on a pris des attitudes qui ne sont pas celles dont l'on se sert pour représenter banalement le mouvement. Il y a des gens qui aiment dessiner sur le vif, mais même une simple promenade peut être source d'inspiration.
Ce qui est frappant dans votre trait, c'est son énergie, sa force. Il y a une évolution dans votre trait si l'on regarde le premier volume de Sharaz-de et le second, on constate que vous travaillez encore plus à l'énergie... Vous allez plus à l'essentiel. Comment percevez-vous votre évolution personnelle ?
C'est vrai que j'ai parfois la main lourde (rires), j'ai toujours aimé donner un poids au signe. Mais ce sont des choses qu'il est difficile d'expliquer rationnellement, que le trait soit révélateur d'une personnalité, cela n'est vrai que jusqu'à un certain point. Pour ce qui est de l'évolution de mon trait, là aussi c'est une chose qui s'est faite sans réflexion, cela est venu avec les années et si pour vous c'est une évolution positive, j'en suis heureux.. J'ai toujours espéré progresser avec les années, ce n'est pas toujours possible, mais si cela est perceptible dans mon travail, c'est une grande satisfaction. En vieillissant, c'est bien de tenter d'aller à l'essentiel, de se débarrasser des petites choses inutiles, c'est cela aller de l'avant tout en étant très attentif à ne pas tomber dans l'autosatisfaction, c'est un des plus grands dangers de notre profession que de croire quand on a réussi quelque chose que tout est acquis.
Vos planches sont souvent tâchées, mal gommées, le crayonné des constructions reste, les aplats noirs ne sont pas unis... Ces détails d'une finition léchée comme celle de Battaglia sont-ils pour vous secondaires ?
Eh oui, mes planches ont souffert, elles ont vécu ! Quand je vois le travail de certains de mes collègues, Battaglia en particulier, je dois reconnaître que je suis plutôt désordonné ! Peut –être que cela pose aussi des problèmes aux éditeurs. Pour les détails secondaires, j'essaye de rendre un travail qui soit malgré tout acceptable, mais je n'ai pas l'obsession du travail bien léché, cela ne me dérange pas et même je crois que cela a son intérêt de laisser sous le trait les crayonnés, cela donne une certaine matière. On verra si cela me sera reproché lors du Jugement dernier !
personnage
Vignette de Ile Pacifique, © Toppi

© Dauphilactère & Sergio Toppi