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Entretiens : Dino Battaglia
Vous rencontrez Dino Battaglia votre aîné en 1964, de là naîtra une très grande amitié... Plus on regarde vos parcours respectifs, plus on est frappé par les affinités qu'il y a entre vous...
Je l'ai rencontré lors de la présentation d'une encyclopédie pour enfants réalisée en Italie pour une maison d'édition américaine, ils avaient recrutés des dessinateurs dont je faisais partie. La maison d'édition avait organisé un show à l'américaine : « Le plus beau jour de ma vie c'est quand j'ai rencontré Mister Machin le manager de cette belle entreprise... » Je me sentais un peu décalé, et je me suis retrouvé à une table avec Battaglia que je connaissais de réputation, il était bien plus connu que moi, c'était quelqu'un dans la bande dessinée... Nous avons commencé à parler boutique, lui aussi était passionné par les uniformes et cela nous a fait une entrée en matière... Nous avions les mêmes intérêts, c'est ainsi qu'est née une belle amitié. J'étais étonné par sa gentillesse, il avait en effet la réputation d'avoir son caractère. Très vite des relations chaleureuses se sont développées, il y avait beaucoup de respect et d'affection entre nous. Nous nous sommes rencontrés ensuite avec nos épouses, Les Battaglia nous invitaient chez eux, puis à notre tour nous les invitions...
Le grand Battaglia qui avait la dent dure a dit avoir été impressionné par votre talent, quel souvenir gardez vous de lui ?
À la première approche, Battaglia n'était pas quelqu'un de facile. En revanche quand on entrait dans le cercle de ceux pour qui il éprouvait de la sympathie, il devenait incroyable. Quand j'ai fait sa connaissance, il était déjà très célèbre. Certaines fois dans le monde de la bande dessinée on parle de jalousie professionnelle, lui en était la parfaite antithèse. Un jour, les éditions Quadragono Libri lui firent réaliser un livre, il demanda à l'éditeur quand il me ferait aussi travailler sur un livre, mais ces gens-là ne savaient même pas qui était ce Toppi dont il parlait ! C'est lui qui m'a permis d'avoir de nouvelles opportunités d'être publié, et ce n'est pas une chose fréquente. Grâce à lui j'ai réalisé Ukiyo-é Haiku & Suspense en 1975. Je crois qu'il m'aimait bien et c'est un de ceux dont la disparition m'affecte le plus
Le père Colasanti, dont nous allons reparler, était rédacteur du Messagero di Padova, il disait de Battaglia c'est Raphaël, et de vous : c'est Michelange. Graphiquement, pensez-vous avoir hérité quelque chose de Battaglia ?
Non. Lui, il était très raffiné alors que moi, j'ai un trait plus rude. Le dessin de Battaglia avait toujours une forme de noblesse et de raffinement qui me manquent.
Dino Battaglia et Hugo Pratt
Dino Battaglia et Hugo Pratt
Hommage à Battaglia
Hommage à Battaglia, © Toppi

© Dauphilactère & Sergio Toppi