La forêt de Brocéliande, lieu sacré de la légende arthurienne, recèle bien d’autres secrets. C’est là que réside la grand-mère d’Alice, Anne Perrault, descendante du célèbre auteur de contes et spécialiste de son œuvre. Dans sa bibliothèque, elle détient Perceforest, dont son aïeul s’est inspiré pour écrire La Belle au bois dormant. Pour la quatrième fois, François Deflandre convie son héroïne Eloïse Brabant pour une nouvelle aventure aux accents gothiques finement distillés.
Eloïse a fort à faire en sa qualité de gouvernante de la petite Alice, dont les parents ont fait construire une maison sur mesure, à proximité du château de la grand-mère, au cœur de la forêt. La légende plane depuis le XIVe siècle sur cette vallée où, le jour de ses seize ans, la princesse Zélandie fut plongée dans un coma éternel par une mauvaise fée, vexée de ne pas avoir été invitée à la fête. Son esprit plane au-dessus de la vaste forêt dans l’attente d’être délivré...
Entre rêve et réalité, François Deflandre s’amuse avec les codes narratifs des contes de fées. Il déroule son récit dans une ambiance déroutante, où l’intuition d’Alice pour trouver l’endroit où est retenue Zélandie se traduit par une bande dessinée qu’elle a réalisée à l’intention d’Eloïse pour un jeu de piste qui l’entraînera à son tour sur les pas de la gamine dans le dédale nocturne de la forêt éclairée par des milliers de lucioles.
La raideur du trait est compensée par l’usage singulier de la couleur dont François Deflandre est coutumier depuis le premier album de cette série et par les jeux d’ombre et de lumière qu’il maîtrise avec un talent évident pour installer les ambiances au fil des péripéties. Son découpage et sa mise en page avec des cadrages parfois insolites le distinguent de la production courante.
Un joli secret sylvain à percer le temps d’une lecture...
ZOO