A près de soixante dix ans, Sergio TOPPI conserve une grâce et une modernité étonnantes. Warramunga, premier récit de l'album éponyme, ne brille pas par l'originalité de son scénario. Dés les premières pages de cette courte histoire réunissant deux assassins et un étrange aborigène dans le bush, on devine l'issue de l'aventure. Mais le graphisme en noir et blanc de Toppi éclabousse chaque planche d'un génie lumineux et personnel.
Le deuxième récit, M'Felewzi, entraîne le lecteur dans le transvaal et narre l'histoire d'une vengeance presque innocente. Celle d'un rabatteur de gibier - dont le frère a été pris sciemment pour cible par un chasseur Boer deux ans auparavant - qui écoute la voix du défunt souffrant par-delà la mort. Là encore, Toppi installe une esthétique totale à la fois dans le découpage, la composition de la planche et dans le dessin lui-même. Géométrie, équilibre, poésie et efficacité se disputent la vedette. La plume taille les volumes, crée la matière, virevolte sur la feuille. Et le résultat, comme toujours, est proprement stupéfiant.
Pavillon Rouge