têtière éditions mosquito

Extraits de Hermann

L'évolution de la série

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Vous avez souvent insisté sur la nécessité et la difficulté de faire évoluer la série. Graphiquement, cette évolution est manifeste...

Oui, permettez-moi d'évoquer l'évolution des planches noir et blanc... J'ai commencé avec le pinceau traditionnel en poil de martre, ce pinceau est très chouette mais il a des états d'âme : au fur et à mesure du travail il se transforme, se détériore sous l'action de l'encre et vous oblige à vous adapter. Le trait change de jour en jour. C'est très fatigant nerveusement. Je suis ensuite passé au rotring du dessinateur industriel puis à l'art-pen, j'ai travaillé aussi plus traditionnellement à la plume avec tous les désagréments dûs aux coulées... Donc aux taches... Et ça me sciait les nerfs !

Un jour un copain de Carcassonne m'a apporté un pinceau japonais avec une sorte de recharge, malheureusement l'encre n'était pas indélébile : vous étiez obligé donc de fixer la page pour éviter les catastrophes. Ce pinceau présentait un avantage sur le poil de martre, c'est que l'on pouvait tracer dans tous les sens. Cela ma convenu parfaitement jusqu'au jour où j'en ai eu marre de la page noir et blanc dans l'album Avé César, le 18ème de la série. Tout à coup, je me suis rendu compte que quelque chose en moi fatiguait. Ce n'était pas au niveau du scénario; je me souviens avoir ressenti la même impression avec le Comanche "Furie Rebelle". Je ne me supportais plus... En fait, je prenais un tournant et je ne le savais pas... C'est Sarajevo Tango qui m'a fait prendre conscience de cela... Cet album méritait une autre technique, je ne voulais pas faire le traditionnel album noir et blanc mis en couleur sur bleu. Sarajevo Tango devait marquer, même si je devais perdre un temps fou. Cétait pour moi une pierre blanche dans mon parcours. Je me suis mis à la couleur directe sur les planches... et j'y ai pris goût. Il est certain que c'est mon deuxième grand virage au niveau graphique.

Et cela a renouvelé profondément votre manière de travailler ?

J'en suis actuellement à mon cinquième album en couleurs directes. La surprise des débuts et les grands pas en avant ne sont plus là... On ne peut pas monter tout le temps l'escalier quatre à quatre! Maintenant je grimpe marche après marche. Cela devient dur. Mais la surprise est toujours là ; c'est un univers tellement plus vaste que le noir et blanc. Grâce à cela j'ai retrouvé une sorte de fraîcheur, de nouvel enthousiasme.
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